Dernière mise à jour le 22 mars 2020
De la fondation de Bayeux à l’époque Gallo-Romaine aux discours du général de Gaulle en passant par l’époque médiévale de Guillaume-le-Conquérant, la ville normande offre une histoire riche et miraculeusement préservée.
Je vous emmène découvrir Bayeux à travers 2000 ans d’histoire et grâce à la visite passionnante que j’ai pu faire avec Claire, guide à l’Office du Tourisme.
- Augustodurum, la cité Gallo-Romaine à l’ère Viking
- Une cité médiévale prospère qui inspira Balzac
- Guillaume le Conquérant, sa cathédrale et sa tapisserie
- Visite de la cathédrale de Bayeux
- Les maisons normandes et l’apparition des Hôtels particuliers
- Les Augustines et le tour
- Questions fréquentes sur Bayeux et sa cathédrale
Augustodurum, la cité Gallo-Romaine à l’ère Viking
Découvrir Bayeux, c’est plonger dans 2000 ans d’histoire marquée par plusieurs évènements importants. L’histoire de la ville commence par sa fondation à l’époque Gallo-Romaine sous le nom d’Augustodurum. Pourquoi ce nom ? A l’époque, c’est l’Empereur Auguste qui règne à Rome et la nouvelle cité rend ainsi hommage au dirigeant romain. Elle est déjà un carrefour et va amasser de nombreuses richesses. Qui attisent forcément les convoitises. La cité va s’entourer de remparts au IIIe siècle pour se protéger des invasions. On peut en apercevoir un vestige découvert lors de fouilles au pied de la cathédrale. Vous pouvez vous faire une idée de son tracé rectangulaire sur le blog Remparts de Normandie. A la fin du 4ème siècle, Bayeux tombe sous l’autorité religieuse avec son premier évêque, Saint-Exupère qui fonde aussi la première cathédrale.
Plus tard, la ville va subir l’invasion des Vikings tout comme le reste de la Neustrie. Le chef Viking Rollon enlève Poppa, la fille du comte de Bayeux, et l’épouse de force. La cité va lui revenir à partir de 924 après être devenu le premier duc de Normandie. Si la période Viking vous intéresse, je vous recommande vivement d’aller faire un tour au parc historique d’Ornavik à côté de Caen.
Un château-fort est élevé au Xe siècle par Richard Ier de Normandie à l’emplacement de l’actuelle Place du Général de Gaulle. Il n’en reste plus rien aujourd’hui car n’ayant plus d’utilité, les habitants ont demandé à Louis XV de pouvoir le démanteler. Vous pouvez toutefois vous imaginer franchir les douves quand vous sortez de l’actuelle rue de la Maîtrise. La place a été renommée en l’honneur du Général de Gaulle qui prononça à cet endroit son discours de Bayeux après le débarquement.
Une cité médiévale prospère qui inspira Balzac
J’aime beaucoup me promener dans le centre historique de Bayeux, le long de l’Aure, la rivière qui traverse la ville. Le cadre est tellement charmant avec ses petites maisons en pierres et ses moulins. En amont, ils servaient au Moyen-Âge à moudre les céréales. En aval, ils servaient aux tanneries, rejetant alors les eaux usées. Depuis là, on s’offre un magnifique point de vue sur l’ancienne Halle aux poissons qu’occupe désormais l’office du tourisme avec la cathédrale en arrière-plan.
Si vous êtes sur le pont de la Place aux pommes (oui, vous êtes en Normandie !) en train de photographier la cathédrale, retournez-vous vers la salle Toulouse-Lautrec. Longez le bâtiment jusqu’à la plaque apposée. C’est ici que Balzac séjourna 2 mois en 1822 alors en visite chez sa sœur. Bayeux va inspirer l’écrivain dans l’un de ses premiers romans.
Guillaume le Conquérant, sa cathédrale et sa tapisserie
Celui qui va rendre Bayeux célèbre, c’est l’arrière-arrière-arrière petit-fils de Rollon, le fameux Guillaume-le-Conquérant. La conquête de l’Angleterre par le Duc de Normandie en 1066 est racontée dans la Tapisserie, devenue incontournable à Bayeux. Je vous la fais découvrir dans un article dédié.
C’est aussi à cette époque que le chantier de la cathédrale s’achève. Commencée au début du 11ème siècle par Hugues II de Bayeux, elle est terminée par son successeur Odon de Conteville qui n’est autre que le frère de Guillaume. Ce chef-d’œuvre de l’architecture romane normande est consacré le 14 juillet 1077 en présence de Guillaume, Duc de Normandie et Roi d’Angleterre, et de la Reine Mathilde.
Le monument va connaître plusieurs incendies, d’abord 1105 puis en 1160. De sa base romane, elle va se transformer en cathédrale gothique lors de sa reconstruction. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais vont installer une petite maison en haut de la tour nord. Si si, regardez bien. A quoi servait-elle ? Tout simplement à surveiller au loin les Français en étant perchés à près de 40 mètres de hauteur.
Durant la révolution, on plantera un platane de la liberté le 30 mars 1797 au pied de la cathédrale. L’arbre mesure aujourd’hui 36 mètres de haut et plus de 6 mètres de circonférence. Il sert de support chaque été à un spectacle de son et lumière.
Revenons à la cathédrale et intéressons nous à sa coupole. En 1851 l’architecte Viollet-le-Duc s’inquiète d’un effondrement à cause du poids de la tour centrale. D’importants travaux sont entrepris. Le toit en pierres est notamment remplacé par un dôme de cuivre plus léger.
Visite de la cathédrale de Bayeux
Pénétrons maintenant dans la cathédrale. La première impression qui se dégage, c’est la luminosité intérieure. Les murs sont percés de nombreux vitraux assez éclectiques qui laissent passer beaucoup de lumière pour les plus récents.
On y trouve une imagerie religieuse importante comme la vie de Saint-Exupère, 1er évêque de Bayeux. Au fond derrière le chœur se trouve un vitrail avec les blasons des bataillons anglais qui ont participé au débarquement en juin 1944. Il a été inauguré par la Reine Elisabeth le 6 juin 1989. Enfin dans le transept, ce sont huit grandes baies avec des vitraux contemporains qui sont en train d’être installés. Ils ont la particularité de changer de couleur en fonction de la lumière. Et regardez plus attentivement les petites billes. Ce sont des cristaux de Baccarat dont le prisme décompose la lumière à la façon d’un Arc-en-ciel.
Au-delà des vitraux, je suis aussi rapidement attiré par la richesse des détails sculptés sur les murs. Certaines frises sont telles de la dentelle. D’autres sculptures sont assez rigolotes et insolites comme les amoureux ou cet homme qui sépare sa barbe en deux. Les enfants s’amuseront à trouver des lapins crétins. En fait, on est assez loin de l’imagerie classique (et morose) religieuse.
Il faut aussi s’imaginer que la Tapisserie de Bayeux était présentée ici temporairement, accrochée sur les murs de la cathédrale chaque année début juillet. Commandée par Odon, elle servait à valoriser la conquête de l’Angleterre de Guillaume auprès du peuple tout en lui apportant un caractère sacré. La tapisserie était ensuite rangée soigneusement dans la cathédrale jusqu’à l’année suivante, lui permettant finalement de traverser les siècles jusqu’à nous.
En face de l’entrée de la crypte, essayez de trouver les petits pieds sculptés qui sont cachés dans le creux de 2 piliers. Le sculpteur aurait eu un heureux évènement qu’il aurait voulu marquer. Descendons maintenant dans la crypte. Á 3,50 m sous le chœur de la cathédrale, cette crypte romane date de l’époque médiévale de Guillaume-le-Conquérant et son frère Odon. On y trouve de magnifiques peintures du 15ème siècle qui sont remarquablement préservées. Elles représentent des saints, des anges musiciens et des apôtres sur des fonds couleur ocre.
Les maisons normandes et l’apparition des Hôtels particuliers
Déambulons à présent dans les rues du vieux Bayeux. En bon Alsacien, je suis frappé par les maisons à colombages, appelées ici maisons à pans de bois. Les maisons normandes ne sont pas très différentes dans leur conception que leurs cousines alsaciennes. On y retrouve notamment l’encorbellement qui avait autant des raisons pratiques pour protéger la façade de l’eau de pluie, que de raisons fiscales puisqu’on payait à l’époque en fonction de l’emprise au sol. En face de la cathédrale, se trouve une jolie maison dite “d’Adam et Eve”. Non, ils n’ont pas résidé là. Ils sont tout simplement sculptés à l’étage en compagnie du serpent tentateur.
Plus loin, dans la rue des cuisiniers se trouve la plus vieille maison de Bayeux. Construite au 14ème siècle, cette maison médiévale à colombages est assez monumentale. Elle est assez typique des maisons de l’époque avec sa base en pierre, matière chère réservée plutôt aux plus fortunés, puis surmontée de pans de bois et de torchis.
Un peu plus haut au début de la rue Saint-Malo, j’aime aussi beaucoup l’Hôtel d’Argouges avec ses colombages peints en rouge et ses sculptures en façade. Ce monument classé a accueilli en 1532 le roi François 1er et son fils, le futur Henri II.
Les maisons à pans de bois vont progressivement être remplacées vers le 15ème siècle par des manoirs à tour en pierre. On se rend compte que l’escalier n’est qu’un lieu de passage et qu’il n’y a aucun intérêt à le chauffer. On le place alors à l’extérieur, ce qui donne ces tours que l’on voit accolées comme dans ce manoir de la rue Franche, le Manoir de Rubercy avec sa tourelle escalier en dehors du logis. Dans cette rue et plus globalement dans le vieux Bayeux, je suis frappé par le nombre d’hôtels particuliers à l’image du Manoir de la Crespellière. Comme lui, ils datent pour la plupart du 18ème siècle à une époque où la ville connaît d’importantes modifications suite à la destruction de ses remparts et à une grande période de richesse.
Je termine avec l’Hôtel du Cadran dans la rue Saint-Martin. Cet édifice classé du 18ème siècle comporte en son centre un cadran solaire (d’où son nom) avec sa courbe en 8 et le chiffre XII qui permet encore aujourd’hui de régler sa montre à midi. Vous aurez par ailleurs probablement remarqué sur les façades de ces demeures que leur nom, ainsi que celui des rues s’inscrit sur des plaques en porcelaine. Une manière originale de rappeler que Bayeux était une ville réputée pour sa manufacture de porcelaine.
Les Augustines et le tour
Enfin, je vous propose de finir cette découverte du vieux Bayeux du côté du Centre Hospitalier. Plus précisément à quelques pas du Musée de la Tapisserie. On pénètre alors dans l’enceinte de l’ancien couvent des Augustines. Ces sœurs hospitalières installèrent leur communauté ici en 1644 jusqu’en 1792 pour prendre en charge l’Hôtel-Dieu. Leur chapelle est encore là, dans un état critique. Plus loin, un détail est assez insolite : on retrouve un tour. Il permettait aux sœurs d’échanger avec l’extérieur tout en restant coupées du reste du monde.
En face, vous pouvez observer une amusante et jolie œuvre de Street-Art qui représente Guillaume-le-Conquérant en train de taguer la Tapisserie. Joli clin d’œil au Musée de la Tapisserie voisin.
Un immense merci à Claire, ma guide passionnée et intarissable qui m’a fait découvrir Bayeux à travers son histoire, son architecture et son riche patrimoine. Je vous recommande vivement de vous inscrire à l’une de ses visites guidées à l’Office de Tourisme. Allez également faire un tour au Musée d’art et d’histoire Baron Gérard qui est bon point de départ pour découvrir la ville et ses 2000 ans d’histoire.
Questions fréquentes sur Bayeux et sa cathédrale
Commencée au début du 11ème siècle, elle a été consacrée en 1077.
Elle est visible au Musée de la Tapisserie à Bayeux.
Un château-fort était présent depuis le Xe siècle sur l’actuelle place de Gaulle mais a été démantelé à partir de 1773.