Dernière mise à jour le 31 mai 2023
Avec l’Industrie Magnifique, Strasbourg s’est transformée du 3 au 13 mai en musée à ciel ouvert avec un concept original : marier un artiste avec un lieu et un industriel alsacien. Le résultat donne 26 œuvres disséminées un peu partout dans le centre-ville dont certaines carrément monumentales.
L’Industrie Magnifique est une idée un peu folle portée par 5 passionnés voulant valoriser la création artistique, le monde industriel et l’Alsace. Cette initiative unique en France a pu voir le jour grâce à l’association “Industrie & Territoires”, des artistes, des bénévoles, des industriels mécènes et des institutionnels. Et c’est le grand public qui se régale avec une magnifique exposition d’œuvres d’art contemporain qui illuminent joliment Strasbourg.
Je n’ai malheureusement pas pu toutes les voir ou les photographier mais je vous en partage quelques-unes.
Un mammouth au pied de la Cathédrale
C’est probablement l’œuvre la plus impressionnante et la plus symbolique de l’évènement. Un mammouth de 12 000 ans côtoie une vieille dame d’à peine 1 000 ans. Acheté aux enchères l’année dernière par la société alsacienne Soprema, ce squelette a été mis en scène par Jacques Rival et Aquatique Show. Protégé dans un cube en plastique, “Mammuthus Volantes” surplombe la place du château et l’anime à merveille avec un spectacle en sons, lumières et jets d’eau.
Une tour de Caddie sur la place Broglie
Continuons sur la place Broglie où se dresse une tour de chariots métalliques enchevêtrés des Ateliers Réunis de Caddie. J’y vois presque un symbole du redressement réussi de ce fleuron alsacien à côté duquel j’ai grandi.
“Amour sacré de la Patrie“. Sur les poignées en plastique, les habituelles marques de supermarchés ont été remplacées par des extraits de la Marseillaise. Joli clin d’œil de l’artiste Pierre Petit pour l’hymne écrit à Strasbourg et chanté pour la première fois en 1792 sur cette place.
Plus loin, toujours sur la place Broglie, se dresse un mur de béton sur lequel sont reproduites des vues de l’usine Fehr en photogravure. L’œuvre de Benjamin Kipfel est épurée avec le côté brut du béton, très technique avec la photogravure et monumentale (12 mètres de long sur 3 mètres de hauteur).
Terminons vers l’opéra où nous attend un drôle d’oiseau. Enfin, tout dépend à quel moment vous le voyez car l’œuvre de Baptiste Desjardin est évolutive. “A bird, a boat and finally a plane” s’est en effet constituée en 3 temps : d’abord oiseau puis ici en bateau et enfin en avion. Elle a été réalisée dans les ateliers et avec les matériaux de FELS.
Les murmures des salariés de Wienerberger au Palais Rohan
Sur la terrasse, 3 colonnes de briques font face au Palais Rohan. Elles invitent les passants à regarder à l’intérieur. On y découvre des photos des employés du briquetier Wienerberger. En tendant l’oreille, on plonge carrément dans la fabrique, au milieu de leurs conversations un peu feutrées. D’où le nom de l’œuvre de David Hurstel, “Murmur“.
L’origine du monde sur la place Gutenberg
Place Gutenberg maintenant. Rien à voir avec Gustave Courbet. On y trouve un coquillage doré presque échoué à côté du carrousel. Piochée dans la collection du musée Würth à Erstein, “The origin of the world” de Marc Quinn a été réalisée à partir d’un scanner et d’une imprimante 3D. Un joli clin d’œil du XXIème siècle sous les yeux de Gutenberg.
Barbie sur la place Kléber
Direction Place Kléber pour une autre œuvre dorée, réalisée elle aussi à partir d’un scanner, d’une imprimante 3D et… d’une barbie. La célèbre poupée est en effet la marque de fabrique de la strasbourgeoise Flore Siegrist, l’une des artistes les plus cotées du moment. Elle signe ici pour l’Industrie Magnifique son œuvre la plus monumentale baptisée tout simplement “Barbie de Flore“.
Au cœur des centrales électriques sur le Rhin
A l’intérieur de l’Aubette, on retrouve un travail très intéressant des photographes Mathieu Bernard-Reymond, Léo Delafontaine et Thomas Jorion dans les centrales électriques d’EDF le long du Rhin. On y découvre la beauté simple et géométrique de sites industriels mais aussi les humains qui les animent.
Que serait un évènement culturel artistique strasbourgeois sans l’incontournable Tomi Ungerer ? Quelques unes de ses œuvres sont exposées à l’Aubette sur le thème de l’énergie. On retrouve bien là l’humour, le regard juste et satirique de l’artiste strasbourgeois. Un bon avant goût de ce qui attend le visiteur au Musée Tomi Ungerer.
Les vents du Rhin sur le parvis Malraux
Quittons la grande île. Une sorte de girouette au bout d’un grand mat s’élève face à la Médiathèque Malraux. “Les vents du Rhin” sonnent comme une référence au mécène CroisiEurope devenu leader des croisières fluviales. C’est aussi une référence au lieu, ancien port de déchargement. L’œuvre est signée Raymond Waydelich, un enfant du quartier.
Bilan de l’Industrie Magnifique
Quelle claque ! L’Industrie Magnifique, c’est finalement une exposition d’art contemporain à grande échelle et ouverte à tous. Un magnifique mariage entre industriels locaux, artistes et des lieux incontournables de Strasbourg. On aimerait qu’elle puisse durer plus longtemps. Mais son côté éphémère fait aussi tout son charme.