Dernière mise à jour le 24 octobre 2022
Durant notre séjour en Irlande du Nord, nous sommes allés 2 fois à Belfast pour découvrir la ville et faire des activités pour notre fille de 4 an et demi quand la météo était moins clémente.
Belfast est la seconde ville de l’île d’Irlande et la capitale de l’Irlande du Nord. Elle jouit d’un passé industriel riche dont la construction du Titanic en est l’un des témoins. Elle est également le symbole de l’histoire britannique en Irlande et du conflit nord-irlandais dont certaines traces sont encore visibles aujourd’hui.
A la découverte de Belfast
Circuler en voiture dans Belfast est assez facile tant que l’on suit son GPS. A première vue, la ville ne semble pas offrir une architecture exceptionnelle. Beaucoup de bâtiments délabrés, des graffitis ou des immeubles modernes sans charme.
Je gare la voiture dans le parking couvert NCP de la Montgomery Street. Il est idéalement situé aux portes du centre-ville, entre le marché couvert St George et le quartier de la Cathédrale Sainte-Anne, programme de notre visite du jour. Cherry on the cake, comme nous sommes le samedi, il est à seulement 6£ la journée.
Nous visiterons ensuite la ville à pied. C’est fatiguant pour les petites jambes de ma fille mais c’est pour moi le meilleur moyen de découvrir une ville. Et Belfast s’y prête à merveille par sa taille et avec ses petites rues piétonnes ou à faible circulation.
St George’s Market
Nous arrivons en fin de matinée et sur les très bons conseils de mon amie Laurène du blog Carnet d’Escapades, nous décidons de commencer par St George’s Market. Ce joli marché couvert est le dernier de style victorien de la ville et l’un des plus réputés du Royaume-Uni. Il ouvre ses portes chaque vendredi, samedi et dimanche.
Une fois à l’intérieur, on découvre une belle animation dans les allées. De part et d’autre, près de 250 étals proposent des produits frais ou artisanaux, pour la plupart locaux. En tout cas le samedi car la composition du marché change le vendredi, réservé aux produits frais, et le dimanche avec des antiquaires en plus de l’alimentaire.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance du lieu. Des placettes avec tables et chaises sont à disposition des visiteurs. Sur l’une d’elle, un musicien reprend quelques classiques pop à la guitare. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est d’y venir déjeuner. Vous n’avez que l’embarras du choix à des prix très corrects entre des stands de cuisine indienne, des pizzas, des falafels ou même des crêpes ! Il y a de nombreuses options : vegan, sans lactose, végétarienne ou sans gluten avec parfois des stands dédiés. Une fois votre choix fait, il n’y a plus qu’à s’installer à une table et profiter de l’ambiance.
L’une des attractions culinaires a été pour moi ce serpentin de pomme de terre frite. La patate est coupée, comme épluchée, dans une machine puis transpercée par un pic en bois et étirée avant d’être plongée dans une friteuse. Il en ressort une sorte de chips que vous pouvez déguster en déambulant dans les allées du marché.
J’ai aussi beaucoup apprécié la gentillesse et le sens commercial des commerçants. On vous conseille avec le sourire. Sans rien demander, on vous arrondit à l’inférieur ou vous repartez avec des petits cadeaux. Le jackpot était surtout pour ma fille qui récupérait des chocolats à chaque fois que l’on s’arrêtait.
Pour nous, le marché couvert a été le lieu idéal pour acheter nos souvenirs de vacances et apprécier l’humour irlandais comme ici avec le Titanic : “Parfois, je raconte des blagues sur le Titanic. Juste pour briser la glace“.
Dans les rues de Belfast
Le ventre plein, nous sommes prêts pour arpenter les rues de Belfast direction la Cathédrale Sainte-Anne. Nous longeons Victoria Street jusqu’à Victoria Square puis nous enfilons dans les petites rues. Je découvre de nombreux pubs, des petites terrasses cachées derrière les murs et imagine l’ambiance ici le soir.
Les façades et les murs des immeubles arborent souvent de très belles fresques. Belfast offre une richesse folle en matière de Street Art. Cette partie de la ville est faite d’innombrables petites ruelles qui renferment chacune des trésors cachés.
Mon coup de cœur de Belfast, c’est Commercial Court. Cette petite ruelle très colorée du centre-ville historique était autrefois le cœur commerçant de la ville. On y retrouve d’ailleurs plusieurs panneaux rappelant les potiers, marchands de whisky et la fonderie qui occupaient autrefois ses rues étroites et pavées.
Aujourd’hui, elle est surtout réputée pour le Duke of York, un pub traditionnel avec une belle décoration intérieure et où l’on peut déguster sa bière sur l’un des bancs rouges de la ruelle. Je l’imagine très animée le soir.
Nous arrivons enfin à la Cathédrale anglicane Sainte-Anne souvent appelée Belfast Cathedral. Sa construction remonte à 1899 mais ne s’est terminée qu’en 1981 en raison de la nature du sol, de problèmes de financement et surtout du conflit nord-irlandais. Une flèche en acier de 40 mètres, la flèche de l’espoir, a été rajoutée en 2007 comme symbole de paix entre les deux communautés religieuses. Face au prix d’entrée (5£ pour les adultes), nous avons épargné la visite à ma fille.
Nous avons regagné tranquillement le parking en passant par quelques boutiques du centre ville. Nous avons notamment fait une longue halte dans la librairie Waterstones sur Fountain Street. Pendant que ma femme refaisait sa bibliothèque de livres en anglais (notamment les derniers Game of Thrones), nous avons profité avec ma fille du grand rayon jeunesse à éplucher quelques livres typiquement irlandais.
Nous avons terminé notre tour par l’Hôtel de Ville de Belfast, l’un des bâtiments majeurs de la ville. Il faut dire qu’il est difficile de passer à côté sans le remarquer avec son architecture victorienne assez imposante. Le City Hall est bordé d’un grand parc où les habitants viennent se poser ou jouer au football gaélique.
On retrouve par ailleurs sur le côté du bâtiment, un mémorial pour les victimes du Titanic.
Le W5, un musée de la découverte pour les enfants
Le Musée du Titanic est apparemment un incontournable à Belfast mais nous avons choisi de faire l’impasse car l’affluence était très importante en ce dimanche pluvieux et notre petite fille allait assez rapidement s’ennuyer. Nous avions par contre repéré juste à côté le W5, un centre de découverte scientifique pour les enfants, sorte de Cité des Sciences pour les parisiens ou de Vaisseau pour les strasbourgeois. L’entrée est à 10,8£ pour les adultes et 8,5£ pour les enfants de plus de 3 ans.
W5 est une abréviation assez connue des anglais pour les 5 questions que l’on se pose fréquemment : Who, What, Where, When, Why et auxquelles la science tente d’apporter une réponse.
Le musée propose plus de 250 expériences interactives autour de 6 thèmes allant d’un parcours de jeu géant sous forme de base spatiale (en sus) à des ateliers de construction type Meccano et Kapla ou encore des expositions interactives sur la santé, l’électricité et la génétique.
Ma fille a particulièrement apprécié ce Docteur Maboul géant pour apprendre les parties du corps. Plus loin, il y a de quoi faire des radios. Pour les plus grands, il y a même une table d’autopsie interactive avec des mini enquêtes pour déterminer les causes de l’accident.
Au delà de la station spatiale, il y a d’autres aires de jeux pour dégourdir les petites pattes des enfants comme cette installation d’un genre assez particulier entre accrobranche et labyrinthe. Pour moi, on dirait surtout de grosses chips ou Pringles à escalader.
Mais ce que ma fille a adoré par dessus tout, c’est la marchande taille XXL du 2ème étage. Une supérette a en effet été aménagée (et sponsorisée, je vous laisse deviner par qui). Les enfants prennent leur panier, parcourent les rayons entre l’épicerie, le frais, la boucherie ou encore la poissonnerie puis passent à la caisse. Elle aurait pu y rester des heures.
Histoire de changer, elle partait en face où un snack permettait aux enfants de préparer des pizzas en plastique et de délicieux plateaux repas. D’autres préféraient aller au garage où une véritable Fiat 500 trônait au milieu et dans laquelle ils pouvaient se prendre pour de petits pilotes ou mécaniciens.
Le W5 offre de quoi passer toute une journée avec les enfants en mêlant amusement et apprentissage. Il y a des cafétéria pour manger et des zones de pique-nique. Le côté sponsoring à outrance surprendra toutefois.
Sur les traces du conflit nord-irlandais
Difficile d’aller à Belfast et en Irlande du Nord sans avoir le conflit nord-irlandais en tête. Pudiquement appelé “les troubles” par les anglais, il a opposé pendant près de 30 ans les républicains catholiques pro-Irlande et les loyalistes protestants pro-britanniques.
Le conflit a pris fin à la fin des années 90 faisant plus de 3 000 morts. Il laisse encore des stigmates assez importants dans le pays et plus particulièrement dans la capitale. Les plus visibles sont les fresques murales que l’on retrouve dans les différents quartiers des 2 communautés.
A deux pas du quartier du Titanic se trouve l’Eastside, un quartier majoritairement protestant et loyaliste formé de petites maisons mitoyennes en briques. Ici flotte l’Union Jack et quelques fresques à l’honneur des paramilitaires. Celle de Ballymacarrett Road est assez glaçante avec cet homme cagoulé, fusil mitrailleur à la main, sur fond de cortège funéraire d’un frère d’arme tombé.
Nous nous rendons ensuite du côté de Divis Street dans l’ouest de la ville. La grande tour à l’entrée annonce la couleur. Ici, le drapeau irlandais flotte fièrement et on peut lire des inscriptions en gaélique. Tout le long de cette grande rue du quartier républicain, des fresques tantôt politiques tantôt pacifiques voire publicitaires se révèlent. Certaines sont très récentes et évoquent le soutien à l’indépendance catalane.
Plus loin se trouve l’une des fresques républicaines les plus symboliques avec le portrait de Bobby Sands, un nationaliste irlandais membre de l’IRA provisoire qui a réussi à se faire élire Député à la Chambre des Communes alors qu’il était en prison. Il y meurt suite à une grève de la faim pour dénoncer les conditions de détention des prisonniers politiques.
A deux pas de là se trouve un mur qui séparait autrefois les 2 communautés à l’instar du mur de Berlin, aujourd’hui transformé en mur de la paix. Toutefois, lorsque l’on passe de l’autre côté du mur, l’Union Jack flotte à nouveau sur les façades des maisons et certaines fresques moins pacifiques rappellent les tensions qui peuvent encore exister aujourd’hui.
Si l’on a pu circuler en toute sécurité, on ressent quand même un certain malaise. Ce plongeon dans l’histoire permet toutefois de nous rappeler que ce conflit n’est pas si lointain tant chronologiquement que géographiquement et que l’histoire du Brexit vient souffler sur les braises.